Comment donner un bon massage ?

Un bon massage c’est un toucher sensible, en lien avec l’autre, avec sa peau bien sûr mais aussi avec toutes les dimensions de son être. Un bon massage c’est être relié au niveau physique, énergétique, émotionnel, intellectuel et spirituel. Ce sont les 5 dimensions de soi qui communiquent avec les 5 mêmes dimensions chez la personne massée.

Pour réussir cela il importe d’être centré, bien aligné dans son propre axe, détendu dans son corps. Ainsi, toute la partie avant le massage est importante : comment est-ce que je respire ? Est-ce que je ressens moi même des douleurs ? Quel est mon niveau d’énergie, de vitalité ? Est-ce que des émotions perturbatrices sont en travers de ma paix intérieure ? Est-ce que je ressens de la joie, de la puissance ?

La première phase est de retrouver cet axe de puissance, de paie et de joie.

Ce ressenti est impacté par mon sommeil, mon alimentation, ma respiration, ma posture, la beauté qui m’entoure, le confort de mon lieu de vie, la qualité de l’air, la qualité des relations que j’entretiens autour de moi. Améliorer tous ces critères de ma vie me permettre d’être au maximum de mes capacités au quotidien et de donner de meilleurs massages.

Mon massage va aussi être impacté par les événements qui surviennent autour de moi et passent par le philtre de mon expérience, de mon rapport au monde, de mes émotions : comment est-ce que je me sens avant mon massage ?

La méthode la plus simple et la plus efficace de centrage que je connaisse est la transmutation directe. C’est un des processus de l’Alchimie Émotionnelle qui consiste à accueillir ses émotions, décomposée en sensations physiques en les laissant évoluer, en les laissant se vivre d’elles-mêmes, physiquement. Le processus détaillé est décrit dans ce précédent article sur l’alchimie émotionnelle. Au bout de ce processus spontané, la détente opère, le corps se relâche, les émotions se libèrent, je peux retrouver mon centre.

C’est depuis cet endroit que je recommande de commencer un massage, dont voilà les qualités essentielles :

• La respiration : accordée à ce qui est juste dans l’instant pour moi et pour l’autre. Il ne s’agit pas de la forcer, plutôt de percevoir le souffle qui se met en mouvement de lui même. Je reste attentif à la respiration de la personne massée, je regarde ses lèvres, ses narines, sa poitrine. Et je laisse mon souffle trouver son chemin, les souffles vont s’influencer, s’entrecroiser, se donner de nouveaux tempo, faire varier le rythme. Je fais confiance à ce souffle qui, finalement, de m’appartient pas tant. Je l’observe. Est-ce que je respire ou est-ce que le souffle me respire ?
• L’intensité du toucher : est-ce que je donne tout mon poids, est ce que je sers les doigts ? Est-ce que je contracte mes muscles et prends appui sur mes avant bras pour soulever l’autre ? Où est-ce que mon poids retourne à mon propre centre et c’est l’inertie de mon mouvement qui touche l’autre ?
• La qualité du toucher : l’eau, l’air, la terre, le feu, l’éther… Ces 5 éléments sont autant de qualités de toucher différentes, un toucher eau, aquatique, comme le flux et le reflux d’une vague est différent d’un toucher terre qui ancre, qui utilise la gravité (le phénomène physique mis en évidence par Newton !), qui utilise le poids de mon corps qui pèse sur un dos, sur une cuisse. Un toucher feu qui réveille, qui bouge, qui active, réchauffe, qui met en mouvement et en circulation n’est pas la même chose qu’un toucher air, qui caresse, léger, aérien, vibratoire, qui se connectera peut être à l’énergie des oiseaux ou à celle de la plume qui vole au vent. Le toucher éthérique ne touche pas le corps mais l’aura parle de subtilité, d’énergie, d’intention. Et à l’intérieur de chacun de ses éléments, une infinité de voyages sont possibles. Il y a le feu qui dort, celui de la digestion, des braises,  il y a le feu avec un brasier et des flammes qui montent à 7 mètres de haut. C’est l’intuition qui dira, qui donnera le message du toucher juste. Cet intuition viendra de cet espace, au centre, à l’intérieur de soi, cette part de soi qui sait ce qui est juste et bon dans l’instant.
• Le rythme. Lent et majestueux ? Rapide et sacré ? Comment le rythme change ? Qu’est ce qui me donne le signal de ralentir ? Qu’est ce qui me donne le signal de laisser monter le feu en moi et d’emmener l’autre dans un ballet, une valse, un tourbillon qui soulève qui emporte ?
• Laisser les mouvements spontanés se produire. Le massage est un processus naturel et spontané de libération du corps. L’énergie, portée par le souffle, trouve son chemin. Les tensions musculaires et nerveuses se libèrent, des mouvements spontanés peuvent se produire. Il s’agit alors de les accompagner, de les permettre, de les respecter, de les observer et de les laisser de déployer. Le corps peut se contracter, se tendre, se plier en deux même ! Il serait contreproductif de vouloir autre chose que ce qui se produit spontanément. Le massage comme l’accompagnement émotionnel ou thérapeutique, c’est donner de l’attention, du respect, de la valeur à ce qui est déjà là. J’observe et j’accueille, ce faisant je permets à la personne accompagnée d’observer et d’accueillir, ainsi je permets au corps, à l’âme d’utiliser l’intelligence du vivant pour revenir à l’équilibre. Tout est déjà là…
• Accompagner avec les mots, parfois. De la même manière laisser l’intuition trouver les mots justes, ceux qui accompagnent, qui rassurent, qui enveloppe, juste ce qu’il faut pour que le corps, le souffle, trouvent le chemin vers plus de liberté, vers le lâcher prise qui opère quand j’arrête de vouloir…

Lorsque je suis perdu, je prends un temps de pause, je reviens à moi, dans la lenteur. Je transmute mes émotions s’il y en a. Depuis mon centre, depuis mon cœur, depuis cet espace de sagesse qui rayonne à l’intérieur de moi : laisser émerger le prochain geste. Mettre en mouvement mon corps, mon souffle, ma joie, ma douceur, ma tendresse, mon amour – qui se mettent en réalité en mouvement d’eux-même – vers l’autre, pour l’autre. Un autre soi, un autre humain merveilleux qui n’aspire qu’à la félicité et à la paix. Lui offrir ce cadeau du toucher, du lien, de la bienveillance et laisser la magie des corps, des mains, des gestes opérer.

Ce n’est pas moi qui fait le massage, c’est le massage qui se fait. Je deviens canal de l’intelligence du vivant, qui sait quoi dire, quoi faire, comment bouger, que donner, que recevoir. Je deviens le trait d’union entre la douceur de la terre et l’omniscience du ciel. Et je donne, et je reçois, à chaque inspir, à chaque expir.

S’il n’y avait qu’une chose à retenir c’est de suivre son intuition. C’est cette partie de soi, connectée, reliée à bien plus large que soi. C’est cette partie d’humanité partagée entre la personne qui masse et la personne qui reçoit. C’est la supraconscience, cette sagesse intérieure commune qui relie tout : les corps, les consciences, les pensées. C’est cet espace où l’alchimie du massage peut se produire. Mon corps, mon âme, sont reliés à la personne que je massage. Mon corps, mon âme savent intuitivement et intimement ce dont l’autre corps, l’autre âme, ont besoin :  quel toucher, quel intensité, quel rythme, quelle intention…

Alors, comment développer mon intuition ? C’est une grande question… D’importance. C’est l’intuition qui va faire que mon massage devient un grand mouvement fluide, intégré au flux du vivant, qui se déroule et se révèle de lui même. C’est l’intuition qui va m’amener dans ce même flux de vie qui guide tout et tous à chaque instant. C’est répondre à ces impulsions intuitives qui vont me conduire à vivre, la pensée juste, le mot juste, l’acte juste. Plus je respecte ces signaux, ces messages spontanés en mots, en pensées ou en actes et plus la vie devient une danse, intuitive, libre, belle, délicieuse, élégante et harmonieuse.

Alors mon massage devient une danse qui dit qui je suis, qui aide l’autre à se révéler, qui aide l’autre à recevoir, qui donne au corps le message qu’il a besoin d’entendre, de percevoir, de vibrer. C’est le signal juste qui va permettre à la vie en l’autre de retrouver le chemin et la possibilité du flux spontané et créatif. Son âme peut alors revenir à la maison, à l’intérieur du corps-temple qui est chéri, aimé, caressé, accompagné, étiré, qui reçoit tout le soin et la tendresse qu’un être humain peut donner à un autre.

Alors, la magie opère, la vie se sourit à elle-même.
Le respect devient amour.